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Cacahètes et pain au chocolat

Gras, lipides , bonnes et mauvaises graisses… La saga continue… Les besoins en lipides sont limités (35 à 40% de l’apport énergétique journalier pour un homme ou une femme) pour éviter le développement des maladies cardio-vasculaires. La bonne nouvelle c’est qu’il faut privilégier le bon gras ou les bonnes graisses. Bon alors, dans tout cela il y a quoi comme gras ?

 Cacahuètes et lipides

  • 1 poignée de cacahuètes : environ 35g = 17g de lipides (soit 1 cuillère à soupe d’huile)
  • Et oui la cacahuète appartient aux fruits oléagineux car riches en graisses ! Mais ce sont surtout des graisses insaturées, les « bonnes graisses », pour le système cardio- vasculaire. On n’abuse cependant pas des cacahuètes et on privilégie d’autres fruits oléagineux (noix, amandes, noisettes…) et les produits naturels non salés.

1 pain au chocolat

  • Environ 70g = 16g de lipides (soit 1 cuillère à soupe d’huile)
  • Très calorique et peu rassasiant, le pain au chocolat est un aliment plaisir à consommer de façon occasionnelle mais pas tous les matins.

Bon à savoir

  •  1 cuillère à soupe d’huile (10/15g) = 15g de lipides
  • 1 noisette de beurre (8g) = 6.6g de lipides
  • 1g de lipides = 9 calories

Yopa, Danio et Fruyo® sont dans un bateau : qui tombe à l’eau ?

  • Qui n’a pas vu la publicité avec ce personnage mi monstre mi marionnette et en bruitage le gargouillis de notre estomac criant “j’ai faim” ou cette jeune femme qui entretient une relation pour le moins des plus étrange avec son pot de fromage blanc allongée dans son lit pour vanter les mérites de ces fromages blancs “2 fois plus riches en protéines” ?
  • De belles stratégies marketing et de communication pour nous faire avaler des protéines mais pas que… Lecture de packaging !

L’intérêt des protéines. Les protéines ont un rôle rassasiant très intéressant et fort exploité dans les régimes pour contrôler le poids. Sur ce point, ces fromages blancs “avec 2 fois plus de protéines”exploitent une des caractéristiques intrinsèques des protéines. D’ailleurs pour réduire les apports en matières grasses dans le cadre d’un régime hypo lipidique tout en apportant calcium et protéines, le recours à des fromages blancs nature à 0% de MG est bien souvent préconisé.

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Déchiffrage d’étiquette nutritionnelle

  • En moyenne, pour les protéines ces fromages blancs “avec 2 fois plus de protéines” apportent par pot entre 10 et 14g de protéines soit moins que 2 fromages blancs nature à 0% de MG (16g de protéines), autant que 2 yaourts nature (9.4g de protéines), et plus que 3 petits suisses à 40% de MG.
  • Côté lipides : Yopa version normale apporte 2,8g de lipides et Danio version normale 3.6g : soit autant ou plus de matières grasses que 2 yaourts natures (2.6g de lipides) et bien plus que 2 fromages blancs nature à 0% de MG. Voilà pourquoi il existe désormais la version à 0% de MG.
  • Et le sucre ? Il faut compter en moyenne par pot consommé de 18 à 20g de glucides dont 18g de sucre soit presque l’équivalent de 4 morceaux de sucre blanc n°4. C’est donc 3 fois plus que 2 fromages blancs natures à 0% MG qui apportent 6g de glucides en moyenne et 6 fois plus que 3 petits suisses à 40% MG (3g).

Et pourquoi autant d’ingrédients dans un simple pot de fromage blanc ? Des ingrédients inutiles dans un produit aussi simple que le fromage blanc qui ne devrait contenir que du lait : ici nous avons une jolie liste d’épaississants (amidon transformé, amidon de maïs, pectine, carraghénanes, gomme de guar) …

Et le prix dans tout cela ? Vendu à l’unité au rayon snacking ou en libre service ils sont chers : environ 1 à 1.80 € le pot !

Perle de packaging : La taille de ces contenants est bien supérieure  à celle d’un pot classique de fromage blanc (100g) ou celle d’un pot de yaourt (125g). Les pots des 3 marques présentes sur le marché ont toutes des contenances différentes (140g, 150g et 170g!) ce qui ne facilite pas le repérage du consommateur déjà perturbé par l’annonce du “2 fois plus riche en protéines”

Pour conclure mon avis de diététicienne-nutritionniste :

  • Cette consistance molle ne favorise pas la mastication qui contribue aussi au phénomène de satiété.
  • Quid de l’apport en calcium de Yopa! ?
  • En cas équilibré ? A prendre de façon exceptionnelle seulement mais certainement pas tous les jours !
  • Un yaourt nature ou un fromage blanc à 0% de MG pour l’apport en protéines et en calcium avec un fruit frais (pour l‘apport en fibres et vitamines) est une collation plus intéressante.
  • Un œuf avec une petite tranche de pain peut aussi être une alternative d’encas dans le cadre d’une alimentation équilibrée et variée.
  • Test produit  : personnellement je les trouve écœurants car très sucrés, d’une consistance pâteuse ni tout à fait une crème, ni tout à fait un fromage blanc. Un fromage blanc hybride.

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 Crédit photo : yoplait, Danone Fage

Consommation des français et lipides : trop peu d’oméga 3 , trop d’acides gras saturés !

98,8% des Français auraient un apport insuffisant en acide alpha-linolénique, alors que cet acide gras est essentiel, selon une analyse de l’inter profession des oléagineux. À l’inverse, les AG saturés seraient apportés en quantités trop importantes.

En septembre dernier, l’Anses a mis à disposition les données brutes de l’étude nationale de consommation alimentaire INCA 2.  L’analyse statistique menée par l’Onidol, interprofession des oléagineux, a consisté en la combinaison de ces informations aux données de composition nutritionnelle des aliments Ciqual 2013, également disponible en ligne. L’appariement des nomenclatures des deux bases n’étant pas complet, des techniques de traitement des valeurs manquantes ont été appliquées pour 149 aliments sur 1342. L’Onidol a ensuite analysé et comparé ces résultats aux apports nutritionnels conseillés (ANC) pour les acides gras (AG).

L’étude révèle ainsi que :

  • l’apport moyen en lipides ainsi que l’apport en oméga 6 sont satisfaisants ;
  • l’apport en oméga 3 est lui largement inférieur aux ANC : 98,8% des Français ont un apport insuffisant en acide alpha-linolénique, alors que cet acide gras est essentiel car le corps humain ne peut pas s’en passer et il ne sait pas le fabriquer ;
  • l’apport en oméga 9 est lui aussi inférieur aux recommandations ;
  • à l’inverse, les AG saturés sont apportés en quantités trop importantes, en particulier les AG saturés spécifiques, qui sont athérogènes en cas d’excès.

Le rapport complet de l’étude est disponible sur le site huilesplaisiretsante.com depuis le 23 février 2015.

 

Source : CP de l'Onidol 12 février 2015
Photo : Andreas Levers sur Flickr

Les bonnes graisses de l’avocat

Consommation

  • La quantité consommée d’avocat varie selon son poids entier qui oscille entre 150 à 400g.
  • Ceci signifie que l’on peut ingérer de 28 à 43 g de lipides !
  • Il faut donc considérer l’avocat comme une source de matières grasses (par rapport aux fruits et légumes qui n’en contiennent pas).
  • Il est fortement recommandé de ne pas le consommer ni avec TROP d’huile ni avec de la mayonnaise afin d’éviter d’alourdir la facture lipidique et calorique (100 g d’avocat = 147 calories).
  • 1 demi petit avocat pèse environ 50 g = +/- équivalent à 1 petite cuillère à soupe d’huile et s’intègre parfaitement tous les jours dans le cadre d’une alimentation équilibrée

 

Nutrition (pour 100g d’avocat consommé)

  • L’avocat apporte des acides gras et dans son profil en matières grasses se rapproche de la composition de l’huile d’olive
    • Peu d’acides gras saturés : 2.17 g soit 1 g pour ½ petit avocat de 50 g (ceux responsables de favoriser les maladies cardio vasculaires)
    • Des acides gras mono insaturés (7.67 g d’oméga 9) qui contribuent à contrôler la glycémie, réduire la tension artérielle, réduire les triglycérides) et entretenir la paroi des artères.
    • Des acides gras polyinsaturés 1.57 g dont 1.35 g d’oméga 6
  • Des antioxydants
    • Béta carotène : 42.9 mg/100 g
    • Vitamine C : 5.49 mg/100 g
    • Vitamine E : 1.77 mg/100 g
    • 2 caroténoides : lutéine et zéaxanthine, aux propriétés antioxydantes.
  •  L’association antioxydants + acides gras insaturés est intéressante car les acides gras favorisent l’absorption des anti-oxydants !
  •  Une étude de chercheurs américains a constaté que consommer de l’avocat en même temps que des crudités de tomates et de carottes dans une même salade augmente :
    • le taux d’absorption du lycopène par 4 (le lycopène est un antioxydant, surtout dans les tomates) ;
    • le taux de bêta-carotène par 2,6 (le bêta-carotène est un précurseur de la vitamine A, en abondance dans les carottes et un peu dans les légumes verts).
  • Riche en vitamine B9 (folates) : 79,9 µg/100 g, folates, indispensables au renouvellement cellulaire : important pour les enfants, les femmes enceintes, et pour les personnes convalescentes.
  • Vitamine K (14.5 µg/100 g)  qui contribue à la fluidité sanguine
  • Contient également des fibres : 3.95 g/ 100 g, soit un peu plus que le poireau (3,2 g de fibres/100 g)
    • indispensables au bon fonctionnement du transit intestinal
    • contribuent à augmenter la satiété
  • L‘avocat est une bonne source de minéraux :
    • calcium (11,2 mg/100 g),
    • potassium (390 mg/100 g),
    • phosphore (47,2 mg/100 g)
    • magnésium (27,4 mg/100 g)
  • Il favorise l’élimination rénale.

Trucs et astuces pour la conservation de l’avocat :

  • Mûr : conservation jusqu’à 3 jours au réfrigérateur ; ferme : 5 jours à température ambiante
  • L’avocat se conserve mieux avec son noyau. Une fois ouvert, enduisez le noyau et la chair de jus de citron pour éviter qu’il noircisse. Emballez-le dans du film plastique et placez-le au réfrigérateur.
  • Pour accélérer le mûrissement, placez-le dans un sac en papier ou mettez-le à côté d’une banane pour des résultats encore plus rapides

Article du Dr Boris Hansel :

Parmi les recommandations en matière de prévention cardiovasculaire, le remplacement des graisses saturées par des graisses insaturées a une place privilégiée. L’intérêt des huiles végétales mais aussi des noix et autres amandes est très souvent mentionné, à juste titre, dans les guides pratiques. Moins évoqué, l’avocat est un autre aliment caractérisé par sa teneur élevée en acides gras insaturés. En outre, il contient des fibres, des phytostérols et autres minéraux. Cette composition en fait un produit potentiellement bénéfique pour le métabolisme lipidique et l’appareil cardiovasculaire. C’est pour examiner cette hypothèse qu’un essai randomisé a été conduit et publié dans The American Journal of the American Heart Association.
Il s’agit d’une étude en cross-over, dans laquelle 45 sujets en surpoids ou obèses ont été inclus. Ils ont été soumis successivement à trois régimes, tous pauvres en graisses saturées (5 à 7 % des apports énergétiques), pendant 5 semaines : un régime hypolipidique et deux régimes normolipidiques dont l’un était caractérisé par une consommation quotidienne d’avocat. Les deux régimes normolipidiques étaient similaires en ce qui concerne la teneur en graisses saturées, mono- et polyinsaturées. De même les apports en fibres, en cholestérol et en glucides n’étaient pas significativement différents.
Bien que les deux régimes normolipidiques avaient un effet hypocholestérolémiant, celui-ci était plus marqué après 5 semaines de consommation quotidienne d’avocat (baisse du LDL-C de 13,5 mg/dl vs 8,3 mg/dl, p<0,05). L’impact favorable de ces deux régimes sur le HDL-C n’était pas significativement différent. Les trois régimes ont réduit le taux plasmatique de la sous fraction des HDL larges (HDL2), alors que les concentrations plasmatiques des HDL denses (HDL3, considérées par certains auteurs comme les HDL les plus athéroprotectrices) étaient diminuées avec le régime hypolipidique uniquement.
Bien que le taux de LDL-C ait baissé avec les 3 régimes, seul celui apportant de l’avocat a eu un effet statistiquement significatif sur le nombre de particules athérogènes de basse densité (LDL). Cette différence est due à une augmentation de la concentration des LDL petites et denses constatée uniquement avec les régimes hypolipidique et normolipidique sans avocat. La variation des particules de plus grande taille était en revanche similaire avec les deux régimes normolipidiques.
Les résultats de cette étude vont dans le sens d’un effet favorable, sur les lipides et lipoprotéines plasmatiques, des deux diètes normolipidiques comparativement au régime hypolipidique.  Ils sont aussi en faveur d’un impact bénéfique de l’avocat. Ils  justifient la consommation régulière d’avocat dans le cadre d’une alimentation équilibrée.
L’apport calorique de l’avocat ne doit toutefois pas être sous-estimé et sa consommation régulière doit se faire au dépend d’autres sources de matières grasses, en particulier des graisses saturées d’origine animale ou végétale. Il faut aussi préciser que la composition des avocats varie beaucoup selon les espèces. A défaut de connaitre et de pouvoir choisir la plus utile pour la santé, il est raisonnable d’opter pour des avocats d’origines diverses. 
Dr Boris Hansel 
Références : Wang L et coll. : Effect of a moderate fat diet with and without avocados on lipoprotein particle number, size and subclasses in overweight and obese adults: a randomized, controlled trial. J Am Heart Assoc., 2015; 4. pii: e001355. doi: 10.1161/JAHA.114.001355
Sources : Copyright © http://www.jim.fr, *Ciqual 2013
Photo : Parée sur Flickr

Le gras fait-il grossir ?

La réponse n’est pas aussi simple comme l’explique en détail J-M LECERF du Service Nutrition de l’Institut PASTEUR DE LILLE dans un article publiée par le Journal International de Médecine en date du 23 février 2015.

J.-M. LECERF, Service de nutrition, Institut Pasteur de Lille

Les études épidémiologiques, cliniques et expérimentales sont analysées afin de déterminer le rôle des lipides dans la prise de poids. Il apparaît qu’il dépend du contexte alimentaire global, de la balance énergétique, de la nature des lipides et de facteurs génétiques propres à l’individu. Cette question pourrait paraître saugrenue à la plupart des néophytes, voire à certains spécialistes. Et pourtant elle mérite d’être posée, d’abord parce que les fonctions des lipides ne sont pas de faire grossir (!) mais de fournir de l’énergie aux tissus utilisateurs (muscles en particulier) via l’oxydation lipidique, de remplir des rôles structurels (membranes…) et des rôles fonctionnels (production de médiateurs chimiques) : ces rôles sont dévolus aux acides gras saturés et aux acides gras insaturés à la fois ; même si seuls certains acides gras polyinsaturés sont indispensables, car non synthétisés, tous sont utiles. La fourniture d’énergie peut être différée et c’est le rôle du stockage des lipides dans le tissu adipeux. Le stockage des graisses est une fonction physiologique et le tissu adipeux parfaitement régulé pour maintenir le poids stable. Mais lorsque la balance énergétique se positive de façon chronique, un gain de poids peut survenir. Mais les graisses peuvent-elles en être la cause ?

Données épidémiologiques

Les études écologiques ou transculturelles montrent le plus souvent une corrélation positive entre consommation apparente de lipides (disponibilité) et poids moyen des populations ou prévalence du surpoids. De même, une évolution parallèle a été observée dans le temps entre augmentation du pourcentage de lipides dans la ration et augmentation de la prévalence de l’obésité au Danemark. Cependant, Prentice, en Grande-Bretagne, n’a pas trouvé cette association, alors qu’elle existe entre indicateurs de sédentarité et prévalence de l’obésité. Mais ceci ne signifie pas relation entre les deux : il peut s’agir d’une simple juxtaposition, de nombreux autres facteurs associés et liés au mode de vie pouvant être la cause de l’augmentation observée du poids. Certaines études transversales, telle MONICA chez les femmes, ont même trouvé une relation inverse entre IMC médian et pourcentage de lipides dans la ration, mais l’exclusion des pays de l’Est (à l’époque) ne permet plus de retrouver cette relation inverse. De même, il a été observé aux États-Unis un paradoxe avec une augmentation de la prévalence du surpoids, tandis que le pourcentage de lipides dans la ration diminue. Toutefois, il faut souligner que ces études concernent le pourcentage de lipides dans la ration : or, d’une part, celui-ci dépend aussi de l’apport énergétique total, d’autre part, il est strictement ou inversement corrélé au pourcentage de glucides, et enfin c’est la valeur absolue de lipides qui devrait être prise en considération. Dans une étude transversale anglaise, il est d’ailleurs intéressant de souligner que c’est le rapport lipides/amidon qui est corrélé au pourcentage de sujets en surpoids ou obèses. Dans cette étude, les sucres et les graisses sont corrélés en valeur absolue à l’IMC ; toutefois, dans la mesure où il existe un très grand nombre de sous-estimateurs dans le groupe des sujets ayant un IMC > 30 kg/m2, en retirant ces sujets il n’y a plus de relation entre apports en sucres et en graisses en fonction de l’IMC, excepté le fait que les femmes non sous-estimatrices et obèses en consomment plus. Mais ces études ne prennent pas en compte le stade de l’obésité des sujets : or, c’est une maladie « dynamique », les sujets pouvant être des gros mangeurs au début de la maladie, plus après, lorsque leurs dépenses liées à l’activité physique et au métabolisme de base ont beaucoup diminué. Pour cette raison notamment, les études prospectives sont plus intéressantes que les études transversales. Ainsi, l’étude des infirmières américaines avec un recul de 8 ans avait montré en 2007 une faible association entre pourcentage de lipides et gain de poids, tandis que le lien entre apport en AG saturés, et surtout entre changement d’apport en acides gras trans était associé à un risque élevé de gain de poids. On sait qu’à l’époque, les consommations d’acides gras trans étaient liées aux apports en viennoiseries, gâteaux, fast-food, margarines de bas de gamme ce qui explique peut-être cela.

Études cliniques

De nombreuses études cliniques ont été réalisées. Elles montrent des résultats parfois apparemment contradictoires. Chez l’adulte, la comparaison de sujets de même poids, en surpoids ou obèses soit ayant un poids stable, soit en gain de poids, montre des apports énergétiques et glucidiques plus élevés, mais les apports lipidiques et l’activité physique ne sont pas statistiquement différents en cas de gain de poids.

Une autre étude de beaucoup plus grande ampleur a été menée par la très bonne équipe canadienne dans l’étude Québec Family Study : les sujets du tertile haut et du tertile bas d’apport lipidique n’ont pas de différence de gain de poids ou de tour de taille sur 6 ans de suivi. Puis dans cette même étude, ils ont analysé l’odd ratio (OR) d’obésité-surpoids, d’une part et de gain de poids, d’autre part selon 9 facteurs classiques ou non classiques dans l’obésité : l’apport lipidique (> 40 %/< 30 % de l’apport énergétique total) a un OR de 1,30 pour le gain de poids et se situe après les scores élevés de désinhibition et les scores de faim ; en revanche, il est le huitième pour obésitésurpoids (OR 1,64). En regroupant 2 facteurs (l’apport lipidique élevé et la non-participation à une activité physique intense), l’OR d’obésité-surpoids est 2 fois moins important qu’avec 3 facteurs non classiques (faible apport en calcium < 600 mg/> 1 000 mg, score de désinhibition, déficit de sommeil < 6 h/> 7-8 heures [OR 2,95 vs6,05]). Chez l’enfant, les études cliniques ont montré des résultats variables. Les études cas-témoins ont montré soit des apports identiques (enfant obèse/enfant de poids normal), soit des apports lipidiques plus élevés chez tous les enfants, ou chez les garçons seulement. En revanche, la plupart des études transversales montrent une corrélation entre apport lipidique et masse grasse, chez tous les enfants ou chez les garçons seulement. Mais cette corrélation est moins forte qu’entre apport énergétique et adiposité. Une étude prospective n’a pas montré de relation entre apports lipidiques et énergétiques en base et prise de poids entre 4 et 10 ans. En revanche, il existe une interaction forte entre le nombre d’heures passées devant la télé et un apport lipidique élevé et une augmentation de l’adiposité entre l’âge de 4 et 11 ans.

Pourquoi les lipides pourraient-ils faire grossir ?

Dans certaines conditions, les lipides peuvent entraîner une prise de poids : la première explication avancée est le fait que les lipides fournissent 9 Kcalories/g (alors que les glucides n’en apportent que 4), mais la question n’est pas là, mais plutôt de savoir si 1 Kcal lipidique a un effet différent de 1 Kcal glucidique. Par ailleurs les calories ne font pas grossir ! Elles ne font grossir que si elles ne sont pas oxydées (« brûlées »). En effet, les nutriments énergétiques n’ont que deux destinées : oxydés ou stockés. Il se trouve que le réservoir d’énergie lipidique stockable est infiniment plus grand que le réservoir glucidique (glycogène hépatique et musculaire) et donc, dans la mesure où les glucides ne peuvent guère être stockés sous forme de glycogène, ils seront le plus souvent oxydés : quant à la transformation des glucides en lipides, elle est essentiellement hépatique et ne survient qu’en cas de surconsommation glucidique massive. Des expériences de suralimentation ont été menées depuis longtemps sur des périodes courtes : il apparaît qu’une suralimentation lipidique entraîne une faible oxydation lipidique (et donc un stockage) tandis qu’une suralimentation glucidique entraîne une forte oxydation glucidique (et donc peu de stockage) mais peut entraîner une réduction de l’oxydation lipidique (et donc un stockage lipidique accru) en cas d’apport lipidique associé ! Les études ont également montré que la balance lipidique se positivait dès lors que l’apport lipidique dépassait 40 % de l’apport énergétique total (AET), régulièrement. Là aussi, il existe une interaction « apport lipidique et inactivité physique », avec une plus forte potentialisation des deux sur la balance lipidique que l’interaction « apport glucidique/inactivité physique ».

De plus, un régime hyperlipidique fait prendre plus de masse grasse et moins de masse maigre qu’un régime hyperglucidique. Tout ceci peut être apprécié par le quotient respiratoire. Quand il est plus élevé, cela témoigne d’une plus forte oxydation glucidique et donc d’une moindre oxydation lipidique, et donc d’un stockage lipidique accru, et c’est donc associé à un gain de poids plus important. Il semble donc qu’en excès, un apport élevé en lipides favorise plus un gain de poids qu’un apport glucidique élevé. Mais qu’est-ce qui fait manger plus de lipides ?

Pourquoi une suralimentation lipidique ?

On sait qu’il existe une relation entre les préférences alimentaires et la fréquence de consommation d’un aliment. Or, les préférences sont le plus souvent corrélées à la densité énergétique des aliments, elle-même parfaitement corrélée à la teneur en lipides des aliments. Plusieurs études ont bien montré que l’apport énergétique est corrélé à la densité énergétique de l’alimentation, et que la densité énergétique de l’alimentation est corrélée à l’apport en lipides de l’alimentation… ; mais… il existe une faible relation inverse entre IMC et densité énergétique de l’alimentation, dans des études transversales (peut-être parce que les sujets de poids moins élevé peuvent manger « ce qu’ils veulent »… !). Et puis le pourcentage de lipides ne résume pas tout. Ainsi, une étude a bien montré qu’un régime « riche » en lipides (> 30 % de l’AET) n’était pas associé à une prévalence accrue de l’obésité lorsque l’apport en fruits et légumes était simultanément élevé. Dans cette étude d’ailleurs, la densité énergétique est inversement corrélée à l’apport en fruits et légumes quel que soit le niveau de l’apport lipidique. La densité énergétique est donc une résultante de plusieurs facteurs nutritionnels (apport en lipides, apport en fruits et légumes, teneur en eau des aliments). On sait d’ailleurs que l’on consomme un « volume » et que lorsque la densité énergétique augmente, pour un même volume, on consomme plus de calories. Toutefois, la taille des portions a un effet synergique majeur avec la densité énergétique sur l’apport énergétique réel. La surconsommation lipidique peut être également favorisée par d’autres facteurs : le stress chez les sujets restreints est associé à un apport lipidique accru ; de même, les obèses « fluctuants », c’est-à-dire soumis à un régime, ont une préférence accrue pour le gras (et pour le sucre). Les choix peuvent aussi être affectés par une sous-estimation de l’apport lipidique : ainsi, des aliments à connotation favorable (« müesli ») ont un apport énergétique sous-estimé comparativement à des bonbons chocolatés, surtout si, en outre, ils sont porteurs d’une mention « à faible teneur en lipides ». De même, les personnes obèses de classe sociale défavorisée sous-estiment le contenu énergétique d’aliments gras !

L’inégalité des sujets

L’inégalité n’est pas que sociale, elle est aussi génétique. On sait ainsi que lorsque l’apport lipidique croît, à partir d’un certain seuil, seuls les sujets déjà obèses et ayant des parents obèses ont un changement d’IMC. De même, la balance lipidique est négative chez un sujet de poids normal pour un apport lipidique de 30 % de l’AET, alors qu’elle est positive à partir de 30 % chez un post-obèse. Il a d’ailleurs été montré que le postobèse (c’est-à-dire l’ancien obèse) oxyde moins bien les lipides que le témoin, surtout lorsque l’apport lipidique croît. Cette « inégalité » peut être secondaire à l’obésité ou primitive. Ainsi on sait qu’un faible métabolisme de base (/kg de masse maigre) est un facteur de prise de poids, ou encore que des hommes jeunes de poids normal dont les 2 parents ont un poids élevé ont une moindre oxydation lipidique que des hommes jeunes de poids normal dont aucun parent n’est obèse. Il existe donc des facteurs génétiques prédisposants, mais l’interaction génétique nutrition est également très importante. Ainsi, des sujets ayant des gènes de prédisposition à l’obésité prennent plus de poids pour une consommation donnée d’aliments frits.

La nature et la source des lipides

Ceci est aussi important à considérer et à la mode. C’est le cas des noix. Ainsi, une étude épidémiologique transversale a montré que la consommation de noix est associée à un moindre poids ; une attitude prospective a confirmé un moindre gain de poids pour une consommation élevée de noix que pour une consommation faible. Ceci pourrait être lié à l’effet matrice des aliments et donc des noix. Quant à la nature des lipides, elle ne semble pas avoir d’effet notable : ainsi une suralimentation avec de l’huile de palme (AG saturés) ou avec de l’huile de tournesol (AGPI w6) entraîne un gain de poids identique.

Conclusion

Les lipides sont de très bons candidats au stockage des triglycérides dans le tissu adipeux. Les études épidémiologiques suggèrent qu’ils puissent avoir un rôle dans l’épidémie d’obésité. Mais au niveau individuel, il existe des sensibilités différentes liées à des facteurs métaboliques, comportementaux et génétiques. C’est cependant l’équilibre énergétique et donc glucides + lipides/dépenses énergétiques qui importe le plus.

L’excès de lipides peut contribuer, s’il est régulier, à positiver cette balance.

Références
1.Heini AF, Weinsier RL. Divergent trends in obesity and fat intake patterns: the american paradox. Am J Med1997 ; 102 : 259-64.
 2.Chaput J, Sjödin AM, Astrup A, Després J, Bouchard C, Tremblay A. Risk factors for adult overweight and obesity: the importance of looking beyond the “big two”. Obes Facts2010 ; 3 : 320-7.
 3.Chaput J, Leblanc C, Pérusse L et al.Risk factors for adult overweight and obesity in the quebec family study: have we been barking up the wrong tree? Obesity (Silver Spring)2009 ; 17 : 1964-70.
 4.Chandon P. Calories perçues : l’impact du marketing. Cah Nutr Diet2010 ; 45 : 174-9.
 5.Martínez-González MA, Bes-Rastrollo M. Nut consumption, weight gain and obesity: epidemiological evidence. Nutr Metab Cardiovasc Dis2011 ; 21 Suppl 1 : S40-5.
Copyright © Len medical, Gynecologie pratique, septembre 2014
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